Christian-B. Amphoux, «Le texte évangélique de césarée et le type de texte 'césaréen' des evangiles», Vol. 12 (1999) 3-16
The adjective «Caesarean» is generally predicated of a number of textual variants (rather than a full text) attested by a group of medieval Greek manuscripts and some ancient versions. Some of these variants were already known by Origen, which explains the choice of the adjective «Caesarean»; but these are not the variants belonging to the text followed by Origen, the origin of which was around 200 AD and probably in Antioch, rather than Caesarea. The author attempts to explain the alternance between these two types of texts associated with Caesarea.
La parabole des deux fils (Mt 21,28-32) 11
a) Forme B1. Le Codex Vaticanus (B)
présente ici une forme particulière de la parabole, qui met en premier le fils
qui répond " oui " à son père, et fait répondre aux interlocuteurs
de Jésus que c’est le dernier fils qui fait la volonté du père. Voici le
texte des principales variantes, suivi d’une traduction française qui s’en
tient littéralement à chaque mot:
v. 29 o( de\
a)pokriqei\j ei]pen : e0gw&,
xu/rie, xai\ ou0x a)ph=lqen, "il répondit: Moi, Seigneur, et il
ne s’en alla pas".
v. 30 o( de\
a)pokriqei\j ei]pen : ou0
qe/lw, u3steron metamelhqei\j a)ph=lqen, "il répondit: Je
ne veux pas, à la fin, faisant volte face, il s’en alla".
v. 31 le/gousin : o( u3steroj,
"ils disent: le final".
On est assuré du caractère égyptien de cette forme, à
partir du ive siècle, par la version bohaïrique et une partie des
témoins sahidiques.
Forme B2. Avec quelques variantes mineures,
cette forme est aussi celle du type de texte "césaréen",
représenté par le Codex de Koridethi (Q), la
famille f 13 et le min. 700, ainsi que les versions arménienne et
géorgienne:
v. 29 o( de\
a)pokriqei\j ei]pen : u9pa&gw,
ku/rie, kai\ ou0k a)ph=lqen, "il répondit: J’y vais,
Seigneur, et il ne s’en alla pas".
v. 30 o( de\
a)pokriqei\j ei]pen : ou0
qe/lw, u3steron de\ metamelhqei\j a)ph=lqen, "il répondit: Je ne
veux pas, mais à la fin, faisant volte face, il s’en alla".
v. 31 le/gousin : o( e1sxatoj,
"ils disent: le dernier".
On notera que les trois variantes mineures de la forme B2
se retrouvent dans la forme C. Cette forme B2 existe vers 200, voire
un peu avant.
On peut expliquer l’ordre des fils de la forme B, qui n’est
pas celui des autres formes, par un rapprochement avec la parabole de l’enfant
prodigue (Lc 15,11-32), où c’est aussi le fils aîné qui reste auprès du
père, tandis que le plus jeune s’en va, puis change d’attitude et fait la
joie de son père. Dans cet ordre, c’est donc le dernier qui a le beau rôle.
La forme B, attestée en Egypte (B, co) et par le type "césaréen" (Q,
f 3, 700, arm, geo), s’accorde ici avec le Diatessaron,
attesté par le Commentaire d’Ephrem (16,18):
"Que vous en semble? Un homme avait deux fils (...)
"Entendu, Seigneur", dit l’un (...) et il n’a pas accompli sa
parole. "Lequel a fait la volonté de son père?" Ils jugèrent avec
droiture et dirent: "Le second" (Ephrem, Commentaire de l’Evangile
concordant, SC 121, L. Leloir éd., Paris, 1966, p. 292).