Alain Martin, «Matthieu 1:16 dans le palimpseste Syriaque du Sinaï», Vol. 15 (2002) 87-94
In the present article, the author analyses a variant reading of Matt. 1:16 that only
appears in a Syriac palimpseste of St Catherine in Mount Sinai and which concerns an
important issue of the Christian dogma: the virginal conception of Jesus.
90 Alain Martin
ω μνηστευθεισα παÏθενος ΜαÏίας εγεννηθε Ιησουν τον λεγομενον
χÏιστον au lieu de τον ανδÏα ΜαÏιας εξ ης εγεννηθε Ιησους ο λεγομενος
χÏιστος, que l’on a habituellement. L’adjonction du relatif ω change le
sens de la phrase et la rend conforme à la lecture classique. Mais par une
ressemblance formelle, Θ 038 et f13 sortent Sin. de son isolement et on
peut penser qu’il a existe aussi en grec une expression semblable à celle de
Sin. On serait tenté de dire que l’expression syriaque de Sin. dérive d’un
modèle (grec?) plus ancien, mais on ne peut l’affirmer avec certitude. En
revanche, ce modèle a été corrigé par l’adjonction de ω dans Θ 038 et f13
et par le changement de la forme du verbe yld dans Cureton. De son côté,
le texte grec classique, suivi de la Pechitta, témoigne d’un changement
plus important de la phrase.
On pourrait certes imaginer que ce modèle ancien commun à Sin., Cu-
reton, it, Θ 038 et f13, avait la même signification théologique que le texte
majoritaire et que la transformation de sens n’est dû qu’à Sin. seulement.
Mais ce qui est sûr, c’est que, du moins par sa forme, Sin. n’est pas isolé et
que sa rédaction actuelle n’est pas le fruit d’une distraction de scribe.
5. Une variante s’étudie pour elle même, mais cela ne doit pas l’isoler
du contexte. Elle se trouve dans un ensemble formé par un manuscrit
et il faut aussi voir quelle cohérence elle donne à cet ensemble: ou la
variante est un accident isolé, ou elle fait partie d’un tout pensé et
voulu par son éditeur.
C’est pourquoi, nous étudierons maintenant dans Matthieu 1:25, la
variante ουκ εγινωσκεν αυτης εως αυτου: ces mots sont absents de Sin et
d’un manuscrit latin, k. Plus loin, il y a une autre variante, Ï–Ïωτοτοκον,
ajoutée devant υιον (C D L W 087 Mm aur f ff1 vg syp.h) . En revanche.
Sin ainsi que Cureton et les manuscrits grecs B01 B02 Zvid 071vid f.1.13 33
pc it mae n’ont pas Ï–Ïωτοτοκον. Derrière ces deux variantes se profile
ce qui deviendra par la suite une question théologique, celle de la vir-
ginité perpétuelle de Marie pour confirmer la divinité de Jésus-Christ.
L’adjonction de Ï–Ïωτοτοκον et la suppression de ‘il ne la connut pas
jusqu’a la naissance de Jésus’, semble indiquer que Marie eut d’autres
enfants que Jésus. Mais ces deux variantes ne se rencontrent pas dans les
mêmes manuscrits et leur introduction réciproque dans le texte donne
des significations opposées: c’est pourquoi elles apparaissent l’une comme
l’autre comme des corrections postérieures: on a supprimé Ï–Ïωτοτοκον
pour nier l’existence d’autres frères de Jésus.
La suppression par Sin. et k est plus difficile à expliquer: on pourrait
peut-être comprendre une précision sur les rapports de Joseph avec Marie,