Jean-Noël Aletti, «La soumission des chrétiens aux autorités en Rm 13,1-7. Validité des arguments pauliniens?», Vol. 89 (2008) 457-476
Rm 13,1-7 has been interpreted in many different ways, often incompatible. This article is an attempt to show that this passage cannot be understood without its immediate context and also that its aim is neither to work out a political doctrine,
nor to ground the legitimacy of political power; nor does Paul push Christians to influence political life, but he urges them to overcome a possible attitude of fear and implicitly to extend their agape to all human beings. In doing so he innovates.
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(proskarterou'nte") dans leur tâche, Paul ne se contente pas de
reconnaître leur statut, il passe sous silence toutes les exactions qui
avaient, à l’époque de Néron, soulevé des protestations répétées et
fortes et son propos pourrait être compris comme un désir de couvrir la
corruption existante. Il suffit de lire ce qu’en disent les historiens (58):
The system of farming out the collection of taxes to the highest
bidder… was an open invitation to corruption. Once his bid had been
accepted and he had contracted to pay the government the proffered
lump sum, the first aim and overriding purpose of every tax-farmer
was to show a profit in his enterprise… once the contract was safely in
his pocket he did not hesitate to employ any and all means, illegal as
well as legal, to maximize his profit by wrestling excessive and
extortionate payments from his hapless and helpless victims. Such
overhearing and violent behaviour was facilitated by the fact that
collectors were frequently accompanied, ostensibly for their
protection, by soldiers or armed guards, whom they could and did use
to intimidate and maltreat the taxpayers.
Paul semble aussi ignorer les nombreuses fois où la conduite bonne
et exemplaire des chrétiens ne fut pas reconnue comme telle. On sait
par le livre des Actes que l’apôtre fut injustement incarcéré et
maltraité(59); lui-même affirme avoir même été fouetté cinq fois par les
autorités juives et trois fois par les romaines (2 Co 11,24-25). Il sait
aussi que le Seigneur Jésus fut injustement condamné et mis à mort,
mais, excepté en 1 Co 2,8, il n’en attribue pas la faute aux autorités
politiques juives et romaines (60). Cette absence de critique pose
question. Les historiens des débuts de l’ère chrétienne sont divisés sur
le sujet. Selon certains, le jugement positif de Paul sur les autorités
politiques vient de ce que, dans les années 55-60, les autorités
impériales de la capitale et de l’endroit où fut écrite la lettre aux
Romains œuvraient strictement selon les critères du bien et du mal.
Selon d’autres, l’apôtre aurait été influencé par la propagande des
premières années du règne de Néron (61). Il aurait également appris que
(58) S.R. LLEWELYN, “Tax Collectionâ€, 68, qui cite N. LEWIS, Life in Egypt
under Roman Rule (Oxford 1983) 160-161.
(59) Cf. Ac 16,19-23.
(60) Dans les lettres pauliniennes, la mort du Christ Jésus est due à l’initiative
de Dieu, qui l’a livré, l’a fait péché, etc. pour nous montrer son amour (Rm 5,5-8;
8,31-32, etc.).
(61) N. ELLIOTT, “Romans 13:1-7â€, 202-203. Voir les propos de Sénèque,
Epistulae 114.7; De clementia 1.11.3. Comme on le sait, Sénèque fut précepteur
de Néron. Si l’exécution des citoyens romains fut effectivement très réduite sous
Néron, celle des esclaves et des étrangers ne le fut aucunement.