L’argumentation de Ga 3,10-14, une fois encore. Difficultés et propositions À lire les études publiées sur Ga 3,10-14 ces dernières années, on ne peut s’empêcher de penser que ces versets restent pour l’exé- gèse paulinienne une vexata quaestio. Si certains essaient tant bien que mal de reconstruire les rouages et les étapes de l’argumenta- tion 1, d’autres renoncent, tant la logique du passage semble déconcertante. Sans entrer dans une analyse sémantique minutieuse qu’on peut trouver ailleurs, c’est cette logique qui sera réexaminée ici, en ses paradoxes, ses lignes de force et ses limites. I. La finalité de Ga 3,6-14 Que Ga 3,6-14 forme une unité rhétorique où la démonstration est exclusivement scripturaire, tous les commentateurs le reconnaissent, et cela ne saurait être contesté. Il est également admis que l’argu- mentation de Paul se développe en deux unités, les v. 6-9, où Paul affirme le lien essentiel existant entre foi et bénédiction, et les v. 10-14, où il exclut que la Loi 2 porte avec elle la bénédiction et la justification : - v. 6-9 lien essentiel entre foi et bénédiction (d’Abraham aux Nations) : v. 6 = Gn 15,6 “Abraham crut et cela lui fut compté comme justice ” v. 8 = Gn 12,3/18,18 “Seront bénies en toi/lui toutes les Nations” Cf., tout dernièrement, les essais de M. BACHMANN, “Zur Argumentation 1 von Galater 3.10-12”, NTS 53 (2007) 524-544, et D. MARGUERAT, “L’évangile paulinien de la justification par la foi”, Paul et l’unité des chrétiens, J. SCHLOSSER (éd.) (Monographies Benedictina – Colloque Œcuménique Pauli- nien 19; Peeters 2010) 41-48. Avec une majuscule, ce vocable désigne la loi mosaïque et non toute 2 espèce de loi.