Jean-Noël Aletti, «L’argumentation de Ga 3,10-14, une fois encore. Difficultés et propositions.», Vol. 92 (2011) 182-203
More technical than in the past, the interpretation of Ga 3,10-14 tries to pay attention to the enthymemes and to find the syllogisms which would support Paul’s reflection. This article shows that it is much better and surer to have a very close look at the gezeroth shawoth.
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L’ARGUMENTATION GA 3,10-14,
DE UNE FOIS ENCORE
du v. 10b, ces deux énoncés formant, si l’on en croit l’un ou l’autre
commentateur, un enthymème, dont Dt 27,26 serait la première
prémisse et le v. 10a la conclusion 11, la prémisse manquante étant
alors inférée des énoncés présents 12 :
Premise 1 = v. 10b (M) everyone who does not observe and obey all
the things written in the book of the law (A) is
cursed (Dt 27,26).
Premise 2 = missing (B) All who rely on the works of the law
(M) do not observe and obey all the things
written in the book of the law.
Conclusion = v. 10a (B) All who rely on the works of the law (A) are
under a curse.
Ce syllogisme soulève quelques difficultés. Que la Loi ne soit
pas obéie par tous, c’est un fait dénoncé par les prophètes; mais il
existe des juifs, et le pharisien Saul le premier 13, qui n’hésitent pas
à se déclarer irréprochables, et ne sauraient donc admettre la
prémisse manquante 14. Notons aussi que pour les écrits bibliques la
catégorie de ceux qui observent la Loi n’est ni irréelle ni
utopique 15. Ensuite, ceux qui, malgré tous leurs efforts, ne peuvent
arriver à une totale irrépréhensibilité, savent compter sur la miséri-
corde et le pardon de Dieu, persuadés qu’ils sont d’avoir part aux
bénédictions promises par Dieu à ceux qui aiment sa Loi. Le juif
qui veut obéir à la Loi n’exclut donc ni la miséricorde ni le pardon
pour les manquements et les imperfections 16. Si la citation de
Le v. 10a étant ce qu’il faut démontrer est encore appelé par certains la
11
propositio du passage.
Cf. par ex. DAS, “Galatians 3:10â€, 146, que je me contente de citer, en
12
changeant l’ordre des composantes logiques (A, B et M) pour mieux mettre en
évidence la forme du raisonnement. Il s’agit d’un syllogisme de première
figure, où le moyen terme (M), qui ne se retrouve pas dans la conclusion, est
placé au début de la première prémisse et à la fin de la deuxième; tel quel, le
syllogisme relevé par Das n’appartient à aucun des quatre types toujours vrais,
ceux en barbara, celarent, darii et ferio, ce qui oblige à vérifier la vérité de
chaque prémisse. En outre, (M) et (A) ne se correspondent pas exactement d’un
énoncé à l’autre, ce qui rend problématique la construction du syllogisme.
Cf. Ga 1,14b; Ph 3,6.
13
Autrement dit la prémisse 2 du schéma.
14
Cf. par ex. Ps 118/119,51.61.109; Qo 8,14; Sg 2,10.12.18; 4,7; 5,15; 10,20;
15
Dn 13,3 LXX; Lc 1,6; 2,25. Également, toutes les affirmations des psaumes où
il est demandé aux justes de louer, ce qui suppose évidemment leur existence.
Cf. Pr 24,16 (“Sept fois le juste tombe, mais Dieu le relèveâ€), toutes les
16