Hellen Mardaga, «Note Sur La Triple Mention Des Disciples En Jn 18,1-2», Vol. 16 (2003) 117-131
This contribution deals with the threefold reference to the disciples in
Jn 18:1-2 and pays special attention to the double mention of them in 18:1.
In literary criticism there is discussion whether the second part of this
repetition 18:1b (ei0sh=lqen au)to\j kai\ oi9 maqhtai\ autou=) is secondary. In
the author’s view, however, 18:1b forms an integral part of the section 18:1-2
and cannot be seen as a later addition of a redactor. This threefold mention
illustrates the creative style of the evangelist. Not only does it fit in with the
rest of the pericope, but also coheres well with other passages of the Fourth
Gospel.
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Note sur la triple mention des disciples en Jn 18, 1-2
déjà annoncés dans son évangile (prolepsis)46 mais qui en même temps
vont se poursuivre après 18,1-12 (analepsis).
La péricope de l’arrestation montre une répartition des personnages
en plusieurs groupes, ce qui chez Jean est assez courant. Déjà dans le récit
de la Samaritaine au chapitre 4 c’est un trait saillant. Là Jésus s’adresse
d’abord à la femme (4,7-26), puis aux disciples (4,27.31-38), ensuite la
Samaritaine parle aux Samaritains du village (4,28-30), pour finir Jésus
s’adresse de nouveau aux disciples (4,31-38). À deux reprises Jésus en 18,1
est désigné comme le chef de file du groupe des disciples. En 18,2 c’est
Judas qui est présenté comme guide d’un autre groupe, à savoir la cohorte
et les serviteurs des grands-prêtres et des pharisiens. En 18,8 le premier
groupe est nettement avancé par l’évangéliste. Il y a surtout, dans la
parenthèse en 18,9, la référence aux paroles de 17,12 ″je les gardais dans
ton nom que tu m’as donné. J’ai veillé et aucun d’eux ne s’est perdu, sauf
le fils de perdition, afin que l’Écriture fût accomplie‶47. Ce verset à son
tour renvoit à 6,37 ″Tout ce que me donne le Père viendra à moi, et celui
qui vient à moi, je ne le rejetterai pas dehors‶, ce qui se répète encore en
10,28, ″je leur donne la vie éternelle; elles ne périront jamais et nul ne les
arrachera de ma main‶ (comp. 3,16; 6,12; 11,52; 13,18).
Les versets 18,2-5 présentent Judas comme le traître dont les actes
sont inspirés par le diable. Ce personnage est introduit comme ″l’un des
douze‶ (6,71) ou caractérisé comme ″un des disciples‶ (12,4). À partir
de 12,23-28 et 13,1 l’heure de Jésus est venue. Et voilà pourquoi au verset
13,2 Jean fait savoir que le diable était déjà entré dans le cœur de Judas
pour qu’il trahisse Jésus. Cette trahison commence en 13,26 quand Judas
reçoit de la main de Jésus le morceau de pain trempé. ″Après la bouchée,
alors Satan entra en lui‶ (13,27). Le mandat de Judas culmine en 18,2.5,
quand il montre aux soldats et aux serviteurs des grands-prêtres où ils
peuvent trouver Jésus. En même temps cette scène est démystifiante pour
lui parce qu’en fin de compte ce n’est pas son indication qui comporte
l’arrestation de Jésus, mais bien le fait que Jésus seul dispose de sa vie en
s’abandonnant librement. Dès lors, dans la suite du récit il n’est même
plus fait mention du traître.
Voir aussi chez: G. Van Belle, “Prolepsis in the Gospel of Johnâ€, NT 43 (2001) 334-47,
46
esp. 346: “As a matter of fact, prolepsis is no more than one element of wider use of explicit
and redundant style which is expressed in the Gospel of John in a variety of forms includ-
ing, repetitions, doublets, parallelisms, antitheses, paratactic sentence structures, definition
clauses, recapitulations and parentheses or asidesâ€.
Pour plus d’information sur cette parenthèse, voir G. Van Belle, ″L’ accomplissement
47
de la parole de Jésus: La parenthèse de Jn 18,9‶, dans C.M. Tuckett (ed.), The Scriptures in
the Gospels (Leuven 1997) 515-21.