Jean Marcel Vincent, «L’apport de la recherche historique et ses limites pour la compréhension des visions nocturnes de Zacharie», Vol. 87 (2006) 22-41
The aim of this article is to point out danger to which “historicizing” interpretations
of the nocturnal visions of Zechariah (Zech 1,7–6,8*) are exposed.
Research into the historical context has been thoroughly renewed by studies by
Th. Pola (2003) and M.J. Boda (2004, 2005) but is it really certain that the
nocturnal visions concern the rebuilding of the temple in Jerusalem and that it is
necessary to liken, as tradition does, the message of the cycle of visions to that of
the oracles of the prophet Haggai?
L’apport de la recherche historique 25
cette même vision (14), et le complément oraculaire à la première vision
introduit par ˆkl en 1,16-17 (15). Deuxièmement, qu’il manque de
critères réellement convaincants pour permettre de reconstruire une
phase antérieure au cycle des visions tel que nous l’avons défini (16).
Il va sans dire que ce présupposé littéraire sur le cycle original des
visions nocturnes, présupposé qui me semble exégétiquement
défendable (il n’a en fait rien d’original) (17), a des incidences directes
sur notre sujet: le lien entre les visions et des événements repérables
dans l’histoire. C’est, en effet, dans les passages considérés ici comme
étrangers au cycle primitif ou du moins qui lui sont secondaires (1,16-
17; 3,1-10; 4,6ab -10aa, auquel il faut ajouter 6,9-15, le couronnement
prophétique de Josué) que se trouvent des données concrètes qui
permettent un véritable ancrage historique de ces chapitres: ainsi les
noms de Zorobabel et de Josué, la fonction de grand prêtre, la recons-
truction du temple.
I. Les événements historiques invoqués
pour la compréhension des visions nocturnes
1. La deuxième année de Darius (1,7)
La première vision (celle des chevaux — et sans doute, au niveau
rédactionnel, l’ensemble qui va jusqu’à la fin du ch. 6) (18) est précédée
——————
symétrie frappante entre les explications des v. 5-10 et 11-14. Cette structure vaut
d’ailleurs aussi sans l’insertion des oracles à Zorobabel. Les observations de
l’auteur sont précieuses pour comprendre la forme finale du texte (ainsi le jeu
dans l’emploi des verbes har et [dy). Cf. POLA, Priestertum, 67-71.
(14) Cf. la justification plus bas.
(15) Sur ce point cf. plus bas.
(16) Les tentatives de H.-G. SCHÖTTLER, Gott inmitten seines Volkes. Die
Neuordnung des Gottesvolkes nach Sacharja 1–6 (TTZ 43; Trier 1987), et de Chr.
UEHLINGER, “Figurative Policy, Propaganda and Prophecyâ€, Congress Volume
Cambridge 1995 (éd. J.A. Emerton) (VTS 66; Leiden 1997) 297-349, sont fort
intéressantes, mais ne semblent pas atteindre un degré suffisant de probabilité Ã
cause du cumul d’hypothèses qu’elles engagent.
(17) C’est le consensus, par exemple, entre Chr. JEREMIAS, Die Nachtgesichte
des Sacharja. Untersuchungen zur ihrer Stellung im Zusammenhang der
Visionsberichte im Alten Testament und zu ihrem Bildmaterial (FRLANT 117;
Göttingen 1977), H. GRAF REVENTLOW, Die Propheten Haggai, Sacharja und
Maleachi (ATD 25,2; Göttingen 1993), et POLA, Priestertum. M.J. BODA, Haggai
/ Zechariah (NICAV; Grand Rapids 2004) retient toutefois 1,17-18 comme
faisant partie intégrante de la première vision.
(18) La date suivante ne se trouve qu’en 7,1.