L’apport de la recherche historique 29 des événements, si répandue encore aujourd’hui comme clef de lecture des visions nocturnes, sont nombreuses. Si on accepte la date de février 519 (1,7), on voit mal comment les Judéens ne seraient pas encore au courant de ce que les révoltes ont été sévèrement matées. La stèle ou plutôt le relief officiel de Behistun qui en parle date déjà de décembre 521. Pour maintenir l’hypothèse d’un contexte de révolte nationale à la base des visions, certains proposent alors différentes solutions: soit considérer la date de février 519 comme secondaire (37), soit pré-dater l’accession au trône de Darius (38), soit encore faire commencer le ministère de Zacharie, dont la première vision (1,7-15) possède en effet certains traits d’un récit de vocation, en 522 à Babylone (39), soit, enfin, prendre en considération des révoltes qui ont eu lieu après la deuxième année de Darius, jusqu’en 519, postérieures donc au relief de Behistoun (40). Mais pourquoi cet acharnement à rechercher l’arrière-plan de ces visions dans un contexte de révoltes alors que les cavaliers qui ont parcouru toute la terre communiquent au Seigneur de toute la terre: “Toute la terre (est) en repos et tran- quille” (1,11b)? 3. Les conflits internes à la communauté judéenne À ce contexte présupposé de révoltes contre l’empire perse est généralement associé ou superposé un contexte de conflits internes à la communauté judéenne, conflits dont les historiens sont particuliè- rement friands comme clefs de lecture: conflits entre gens du pays et rapatriés à Jérusalem ou encore entre visionnaires et hiérocrates (41). Qu’il ait existé des conflits d’intérêts et des tensions dans la société (37) Ainsi OLMSTEAD, “Darius”. (38) Ainsi WATERMAN, “Camouflages”, et E.J. BICKERMANN, “En marge de l’Écriture. II: La seconde année de Darius”, RB 88 (1981) 23-28. Un roi qui s’impose par la force n’accepte pas les années de règne de son prédecesseur “illégitime”. (39) Ainsi GALLING, “Exilswende”; PETITJEAN, Oracles; L.A. SINCLAIR, “Redaction of Zechariah 1–8”, BR 20 (1975) 36-47; P.L. REDDITT, “Zerubbabel, Joshua, and the Night Visions of Zechariah”, CBQ 54 (1992) 249-259. (40) R. ALBERTZ, Religionsgechichte Israels in alttestamentlicher Zeit (ATD ErgR 8/2; Göttingen 1992) II, 479. (41) À la suite d’O. PLÖGER, Theokratie und Eschatologie (WMANT 2; Göttingen 1959, 31968), et de P.D. HANSON, The Dawn of Apocalyptic. The Historical and Sociological Roots of Jewish Apocalyptic Eschatology (Philadelphia 1975, 21979). C’est une ironie que Hanson considère justement comme un hiérocrate l’auteur des visions nocturnes.