L’apport de la recherche historique 31 pierre de fondation, respecter les dimensions de l’ancien temple et surtout donner le double aval, divin et royal, à cette construction à l’instar du sanctuaire davidique, voire salomonien. C’est là qu’est octroyé à Zorobabel un rôle spécifique. L’aval divin est donné par les deux prophètes Aggée et Zacharie, la légitimation royale l’est par le parrainage du descendant légitime de David. C’est à ce dernier que revient donc la pose de la pierre fondatrice. Ainsi les prophètes n’annoncent en Zorobabel ni le restaurateur du grand royaume davido- salomonien ni le Messie eschatologique. Sa messianité, précise Pola, est “fonctionnelle”, celle d’un prince “constructeur”, elle n’est pas institutionnellement liée à sa personne. Cet élément de continuité indispensable pour la légitimation du nouveau temple ne doit pas occulter la discontinuité dans la conception de la royauté (45): le palais (à l’époque exilique mitoyen du temple) n’est pas reconstruit, le renouveau n’est plus attendu du pouvoir politique mais de l’Esprit (Za 4,6) (46). Ce qui entraîne une valorisation nouvelle du sacerdoce, aboutissement d’un processus qui a commencé à la fin de l’époque pré- exilique — contre l’hypothèse d’une transformation accidentelle. Il serait toutefois inadéquat de parler d’un transfert des fonctions royales au sacerdoce. Le grand-prêtre Josué n’est pas déclaré un nouveau Messie par Zacharie. La couronne avec laquelle le grand prêtre doit être couronné (Za 6,11 — sans changement du TM) ne lui est pas destinée personnellement. Elle doit être conservée dans le temple en vue de la réalisation d’une messianité eschatologique. Ainsi le Messie reste mystérieusement caché dans le temple, ce qui explique au moins en partie la piété à la fois cultuelle et messianique des psalmistes (47). Mais si, comme nous en sommes convaincu, cette interprétation exégétiquement fondée du rôle de Zorobabel et de Josué en liaison avec la reconstruction du temple rend bien compte des passages où ces trois thèmes s’entrelacent dans les livres d’Aggée et de Zacharie, quelle est sa pertinence pour la compréhension des textes qui font partie du cycle même des visions nocturnes? Ce cycle parle-t-il de la (45) Sur cette transformation, cf. POLA, Priestertum, 31-38; aussi, entre autres, D. BODI, “Le prophète critique de la monarchie: le terme nâsî’ chez Ezéchiel”, Prophètes et rois. Bible et Proche-Orient (éd. A. LEMAIRE) (LD hors série; Paris 2001) 249-257. (46) Et déjà Ez 11. (47) Cf. par ex. le chant des pèlerins arrivant à Jérusalem: “Toi qui es notre bouclier, ô Dieu, vois ! / Regarde le visage de l’homme qui a reçu ton onction !” (Ps 84,10).