Alfred Marx, «L’impureté selon P. Une lecture théologique», Vol. 82 (2001) 363-384
This study sets out to review the different factors of impurity recognized as such by P. In the final analysis, these come down to two: death (with which ‘leprosy’ is connected) and sexuality. Whatever the original reason for considering these two factors as a source of impurity, P. has given them a theological reinterpretation by which he relates them to the story of the Fall; death and sexuality are characteristics of the human condition that are a result of the Fall, whereas the impurity which they bring about calls to mind the dissolution of the original connection between man and God.
est question d’animaux / de nourritures abominables, pas d’animaux impurs (Is 66,17; Ez 8,10; Za 9,7). Ce que dit P, et ce que dit aussi l’auteur de Dt 14, c’est que certaines espèces sont "impures pour vous" (Lv 11,4.5.6.7.8.26.27.28.29.31.35.38; Dt 14,7.8.10.19), ce qui signifie concrètement, ainsi que cela est explicitement précisé dans le contexte, que ces espèces-là sont interdites à la consommation (Lv 11,4.8.47; Dt 14,7.8.10.19), comme le sont d’ailleurs aussi (Lv 11,11.13.41.42) les espèces "abominables pour vous" (Lv 11,10.11. 12.20.23). Ces espèces dites "impures pour vous" ne sont donc pas intrinsèquement impures. Il n’est jamais dit que le contact avec elles rend impur. Seul leur cadavre est facteur d’impureté (Lv 5,2; 11,8.24-38; Dt 14,8), mais comme l’est aussi le cadavre des espèces pures (Lv 11,39-40). Il n’y a, en fait, que les bestioles à être considérées globalement comme impures (Lv 11,43.44; 22,5) — en Lv 11,41.42 elles sont qualifiées d’abominables —, et ce sans doute parce que, de par leur contact possible avec des objets impurs, elles sont des vecteurs potentiels d’impureté. Il est significatif, à cet égard, que lorsque Ézéchiel proteste qu’il n’a jamais mangé quoi que ce soit d’impur, il cite le cas de bêtes crevées, ou déchirées par une bête sauvage, ou consommées en dehors des délais de consommation (voir aussi Ex 22,30; Lv 7,18-19; 17,15; 19,7; 22,8; Is 65,4; Ez 44,31), mais qu’il ne parle pas de catégories qui seraient impures par nature (Ez 4,14). Sans doute, il arrive que P utilise l’expression "animaux impurs" (Lv 5,2; 7,21; 20,25; 27,11.27; Nb 18,15), mais ceci vraisemblablement pour éviter la fastidieuse périphrase utilisée dans le récit J du déluge d’"animaux qui ne sont pas purs" (Gn 7,2.8), une périphrase qui, au demeurant, est tout à fait significative de la manière dont l’AT considère les animaux.
Pour P, comme pour tout l’AT, il n’y a donc pas d’animaux impurs. Tous les animaux, sans exception, font partie de la bonne création de Dieu (Gn 1,21.25). Il y a seulement des animaux qu’Israël n’a pas le droit de consommer. Ainsi que l’a tout particulièrement souligné Jacob Milgrom, et à sa suite M. Douglas, cette restriction à la consommation va dans le sens du respect de la vie10. Comme le note, non sans humour, M. Douglas,