Hellen Mardaga, «Note Sur La Triple Mention Des Disciples En Jn 18,1-2», Vol. 16 (2003) 117-131
This contribution deals with the threefold reference to the disciples in
Jn 18:1-2 and pays special attention to the double mention of them in 18:1.
In literary criticism there is discussion whether the second part of this
repetition 18:1b (ei0sh=lqen au)to\j kai\ oi9 maqhtai\ autou=) is secondary. In
the author’s view, however, 18:1b forms an integral part of the section 18:1-2
and cannot be seen as a later addition of a redactor. This threefold mention
illustrates the creative style of the evangelist. Not only does it fit in with the
rest of the pericope, but also coheres well with other passages of the Fourth
Gospel.
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Note sur la triple mention des disciples en Jn 18, 1-2
á¼Î´Î¿Î¾á½±ÏƒÎ¸Î· á¼Î½ αá½Ï„á¿·. L’accomplissement de cette parole s’effectue à partir
de 18,1sq. où la figure de Judas réapparaît. Après avoir parlé en 18,1,
Jésus sort (á¼Î¾á¿†Î»Î¸ÎµÎ½) avec ses disciples et entre avec eux (εἰσῆλθεν) au
jardin. En 18,3 l’évangeliste fait le récit de l’entrée de Judas (á¼”Ïχεται á¼ÎºÎµá¿–)
avec les soldats et les serviteurs des grands prêtres et les pharisiens. Sur
celà , Jesus avance en 18,4 (á¼Î¾á¿†Î»Î¸ÎµÎ½). Les verbes de cette péricope doivent
expressément souligner l’opposition entre Jésus et Judas.
Le verset 18,15 raconte comment le disciple bien-aimé de Jésus entre
dans la cour du grand prêtre (συνεισῆλθεν), alors que en 18,16 Pierre
s’arrête à la porte attendant que le disciple bien-aimé vienne dehors et le
fasse entrer à son tour (á¼Î¾á¿†Î»Î¸ÎµÎ½...καὶ εἰσήγαγεν).
Quand Jésus est conduit devant Pilate (18,28-38), les juifs n’entrent
pas au prétoire (οá½Îº εἰσῆλθον). C’est pourquoi Pilate lui-même ira de-
hors pour s’adresser à eux (á¼Î¾á¿†Î»Î¸ÎµÎ½ οὖν á½€ Πιλᾶτος). Ensuite il va rentrer
au prétoire (εἰσῆλθεν οὖν πάλιν), puis sortir de nouveau pour encore une
fois haranguer la foule (á¼Î¾á¿†Î»Î¸ÎµÎ½ Ï€Ïὸς τοὺς Ἰουδαίους).
Après que les soldats se sont moqués de Jésus, c’est encore Pilate qui sort
(καὶ á¼Î¾á¿†Î»Î¸ÎµÎ½ πάλιν) et s’adresse à la foule (19,4). Ensuite c’est au tour de
Jésus à être mené dehors (á¼Î¾á¿†Î»Î¸ÎµÎ½ οὖν ὠἸησοῦς), portant une couronne
d’épines et revêtu d’un vêtement pourpre (19,5). Quand, aux tentatives
de Pilate d’acquitter Jésus (καὶ εἰσῆλθεν εἰς τὸ Ï€ÏαιτώÏιον πάλιν), les
juifs répondent que quiconque se fait roi ne saurait être l’ami de l’empe-
reur (19,12), Pilate pour la dernière fois fait sortir Jésus (ἤγαγεν ἔξω τὸν
Ἰησοῦν) et le condamne. Ensuite Jésus est livré pour porter sa propre
croix vers Golgotha (á¼Î¾á¿†Î»Î¸ÎµÎ½ εἰς τὸν λεγόμενον ΚÏανίου τόϖον).
Le singulier á¼Î¾á¿†Î»Î¸ÎµÎ½ en 18,1 s’accorde avec αá½Ï„ός, malgré la présence
d’un second sujet au pluriel, notamment οἱ μαθηταὶ αá½Ï„οῦ. Cette cons-
truction est d’usage aussi bien en Grec néo-testamentaire qu’en Grec
classique. Dans le cas où, comme dans ce verset, plusieurs sujets d’une
même phrase sont reliés par καί, le verbe au singulier précède le premier
sujet, qui lui aussi est au singulier35. Si Jean a recours à cette construction,
c’est avant tout pour souligner la supériorité et l’initiative de Jésus, et cela
d’abord aux moments où Jésus se trouve en présence de ses disciples36. Sous
ce rapport c’est le mot μαθητής qui en particulier mérite notre attention.
Dans le quatrième évangile ce mot se rencontre à 78 reprises37, dont 36 fois
au pluriel du nominatif38. W. Schenk par exemple le considère comme un
BDF §135, 1a.
35
1,35; 2,2.12; 3,22; 4,53; 12,22; 18,1.15; 20,3.
36
45x Mc/ 72x Mt/ 36x Lc.
37
Douze fois seulement au singulier du nominatif, ce qui, comparé aux autres évangiles,
38
n’est d’ailleurs pas si peu: une fois chez Mt, quatre fois chez Lc.