Paul Beauchamp, «Lecture christique de l’Ancien Testament», Vol. 81 (2000) 105-115
Attempting a Christ-oriented reading of the Old Testament is a challenge which invites objections and obstacles. What is the degree of legitimacy or of necessity which the New Testament (the Gospels and Acts) provides for such a reading? We are concerned with those texts which set forth the principle itself rather than with individual citations; such a reading appears as inseparable from the foundations of the faith. Other texts are illuminating for us with regard to the way of carrying this out. This article presents the first lines of a response, by means of a hermeneutical conversion. It presupposes that one cannot distance oneself from the literal meaning and from its spiritual and theological content.
3. Quelle autorité les évangélistes accordent-ils à cette relation de l "événement Jésus" aux Écritures?
Ici, la réponse, à lintérieur de la "formule daccomplissement", est très lisible. La formule se présente, avec une fréquence variable selon les Évangiles, dans la bouche de Jésus (Mt: 3 fois; Mc: 1 fois; Lc: 4 fois; Jn: 5 fois). Son poids se mesure non pas à sa fréquence mais au moment où elle est prononcée, à son développement, à son caractère plus ou moins didactique.
Dans Marc, le rapport Passion/Écritures est plus quune annonce: cest un "enseignement" (Mc 8,31; 9,31), et il provient de Jésus lui-même, au moment où il décide de se diriger vers Jérusalem et dy entraîner les siens. Or on ne voit pas quelle base cet "enseignement" du Maître pourrait avoir, si ce nest les Écritures: il sagit dune leçon dinterprétation des textes anciens8, attribuée à Jésus. Or elle est trop souvent confondue avec lexercice dune prescience de son propre destin par un prophète. De là provient que les interrogations soulevées par ces "annonces" ont dévié bien des fois vers la piste de leur vraisemblance. Si prescience il y a, elle repose sur lexamen de documents faisant autorité, non sans intervention, bien entendu, dune illumination divine au bénéfice de leur lecteur. Même observation que plus haut: le laconisme de lindication ne fait que démultiplier sa force.
Dans Matthieu, la formule de Mt 16,21 ("Il leur montra"), bien que moins obvie, a le même sens. Lensemble du dispositif matthéen amène à voir dans ce "montrer" une opération de type discursif. J. Miler a établi que le ressort général du récit était de lordre de la connaissance9, or ceci apparaît surtout à travers les citations.
Dans Luc, le caractère didactique est fortement développé. Lc 24, relie fermement lenseignement postpascal de Jésus concernant les Écritures à ce quil en avait dit avant sa mort. Lintention est particulièrement claire: les deux dernières apparitions de Jésus dans Lc sont une transition entre la catéchèse exégétique du maître (en deux temps) et celle pratiquée par les disciples dans les Actes. La modalité de la catéchèse apostolique a été initiée par Jésus lui-même: cest lui qui a inauguré la lecture biblique de sa propre vie. Le dispositif voulu par Luc a pour effet de démontrer deux choses: dune part, la leçon vient de Jésus (cf. Lc 4,21; 18,31; 22,37; 24,44: un sommaire); dautre part les disciples ont appliqué effectivement cette leçon.
La thèse dune leçon dÉcriture donnée par Jésus se maintient donc à travers les trois synoptiques.
Dans Jean, lattribution de cette herméneutique à Jésus est maintenue mais avec beaucoup moins dinsistance et seulement dans quelques cas (textes particuliers:13,18; 15,25; événement particulier: 17,12)." Les puissantes affirmations, du type "[Moïse] a écrit de moi", ne se présentent pas comme des légitimations dun enseignement apostolique. A cette catégorie se rattacheraient plutôt les annonces de la donation par lEsprit Saint dune