Robert Hermans, «La christologie d’Ephésiens.», Vol. 92 (2011) 411-426
This essay proposes to read Eph 1,23, as follows: the plh/rwma is Christ, the fullness of all God’s graces. And the participle plhroume/nou is a neuter passive, whose content is the actual blessing brought by God to its fullness in all the believers. Eph 1,23 can then be translated like this: «Christ is the fullness of what is fully accomplished in all the faithful».
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LA CHRISTOLOGIE D’EPHÉSIENS
n’en était pas le propriétaire 11? Les vv. 7-11 confirment donc très forte-
ment la thèse que le mot plh,rwma en 1,23 renvoie au Christ et y est ap-
posé. Trois fois, en effet, nous avons trouvé dans ce paragraphe des textes
qui disent clairement que le Christ est porteur de toute la richesse de la
grâce de Dieu.
La vraie solution se trouve en Ep 1,15-23, où figure ce mot.
Paul rappelle d’abord la grande valeur de l’héritage que Dieu veut
nous donner: “savoir quelle est la grandeur de la vie que nous pouvons
espérer, quelle est la richesse de la gloire de notre héritage†(1, 18bc).
Ensuite il explique la manière dont Dieu veut réaliser cet héritage en
nous: en opérant en nous le même résultat (kata,) qu’il a opéré dans le
Christ par la résurrection et la session dans le ciel. C’est ainsi que Dieu
réalise, à partir du Christ, la plénitude du temps du salut.
Cette réalisation comprend pour ainsi dire trois aspects.
En premier lieu Dieu ressuscite le Christ de la mort (1,20), action dé-
crite en un demi verset (1,20a).
L’élévation du Christ au-dessus de toute la création est le deuxième as-
pect. Elle est décrite beaucoup plus longuement que la résurrection. Cela
n’est pas étonnant, parce c’est cette élévation qui a réalisé l’essentiel du
dessein de Dieu: la réalisation de la plénitude du temps de salut. En ce sens
le Christ doit être lui-même la plénitude de tout ce que Dieu veut opérer
dans les hommes. On pourrait encore y ajouter cette considération: la sou-
mission de la création à ce Christ, qui a été élevé au-dessus de toute la créa-
tion, signifie ipso facto que Dieu donnait ainsi la possibilité virtuelle de la
remplir de toutes ses grâces. C’est sans doute pourquoi le texte consacre
trois versets à cette élévation (1,20b-23). Il n’énumère pas seulement quatre
forces cosmiques hostiles que Dieu soumet au Christ (1,22a) 12. Il renvoie
aussi à toutes les autres puissances qui pourraient éventuellement exister
dans le cosmos et que Dieu soumet aussi au Christ. En outre le texte y
ajoute encore que cette élévation du Christ, et donc sa domination absolue
sur le cosmos, resteront valables pour toutes les puissances existant au-
jourd’hui, mais aussi celles qui pourront surgir dans l’avenir (1,22c).
11
On pourrait ajouter ici cette réflexion théologique: parce que Dieu a
investi le Christ comme chef de toute la création, pour réaliser la plénitude
du temps du salut (1,9-10); et parce qu’Il a donné ce Christ à l’Eglise, qui est
son corps, 1,22-23, à savoir que Dieu a dû donner le Christ à l’Eglise comme
porteur de toutes les grâces (plh,rwma) par quoi il a réalisé, en effet, la
plénitude du temps du salut.
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“Autorité, pouvoir, puissance, souveraineté†(traduction TOB). Que ce
sont des ennemis de Dieu, nous l’apprenons dans le verset 6,12: “nous ne
nous battons pas contre la chair et le sang, mais bien contre les autorités et
les pouvoirs, contre les dominations de ce monde de ténèbresâ€.