Paul Beauchamp, «Lecture christique de l’Ancien Testament», Vol. 81 (2000) 105-115
Attempting a Christ-oriented reading of the Old Testament is a challenge which invites objections and obstacles. What is the degree of legitimacy or of necessity which the New Testament (the Gospels and Acts) provides for such a reading? We are concerned with those texts which set forth the principle itself rather than with individual citations; such a reading appears as inseparable from the foundations of the faith. Other texts are illuminating for us with regard to the way of carrying this out. This article presents the first lines of a response, by means of a hermeneutical conversion. It presupposes that one cannot distance oneself from the literal meaning and from its spiritual and theological content.
Une thèse est posée avec insistance dans le Nouveau Testament: Les événements de la vie et la mort de Jésus se sont produits afin daccomplir les "Écritures", mot qui désigne lAncien Testament. Le degré de fixité et la répétition des termes permettent de parler ici dune formule. Appelons-la "formule daccomplissement"1, bien lisible en Mt 26,56: "Tout cela advint pour que fussent accomplies les Écritures des prophètes"2. Les exégètes de lAncien Testament sont-ils comme il semble invités par cette formule, organisée autour du verbe "accomplir", à chercher dans le Nouveau Testament une clé (non la seule) pour linterprétation de lAncien? Cette lecture, que nous appellerons "christique", est-elle requise par les Écritures elles-mêmes? Le présent article na pas dautre objet3 que de proposer les tout premiers linéaments dune réponse à cette question. Le champ quelle ouvre est immense, il nous faut donc des limites. Je me demanderai dabord (I), en prenant la susdite formule comme point focal, quelle est la nature (signification, autorité) de linvitation quelle communique et ensuite et plus rapidement (II), comment trouver dans son contexte néotestamentaire des indications pour lui répondre.
I
Comment définir la "formule daccomplissement?". Dun point de vue formel, elle met en présence un fait de la vie de Jésus et une partie ou la totalité