Paul Beauchamp, «Lecture christique de l’Ancien Testament», Vol. 81 (2000) 105-115
Attempting a Christ-oriented reading of the Old Testament is a challenge which invites objections and obstacles. What is the degree of legitimacy or of necessity which the New Testament (the Gospels and Acts) provides for such a reading? We are concerned with those texts which set forth the principle itself rather than with individual citations; such a reading appears as inseparable from the foundations of the faith. Other texts are illuminating for us with regard to the way of carrying this out. This article presents the first lines of a response, by means of a hermeneutical conversion. It presupposes that one cannot distance oneself from the literal meaning and from its spiritual and theological content.
des Écritures, en attribuant souvent à ce fait la finalité ("afin que") d"accomplir". Le verbe "accomplir" (plhr- ou tel-) est le pivot du syntagme.
Notons dabord que "accomplir" signifie:(a) réaliser une prédiction; (b) tenir une promesse; (c) faire réussir un processus. Dans cette perspective, lAncien Testament est donné à explorer comme la prédiction à réaliser, la promesse à tenir, le processus à faire réussir4. Afin de nous limiter, nous supposons écartés les malentendus attachés au terme "accomplir". Laccomplissement des Écritures ne supprime pas le temps, mais il fait entrer dans lère nouvelle, il se déploie dans le temps: le temps de Dieu et le temps des hommes ne font plus quun. Et le processus nest pas à considérer naïvement comme un simple passage du moins au plus. Non seulement dans le plan de Dieu, mais aussi dans les humains qui laccomplissent dâge en âge, le terme est présent dès le commencement, sans que le processus puisse être réduit à un cercle. Tout cela selon une modalité qui a été scrutée par la théologie traditionnelle, comme elle est sans cesse à scruter par la théologie spéculative.
1. Quelles données du Nouveau Testament sont dites "accomplir" les Écritures?
Nous distinguerons entre la formule elle-même et les assertions synthétiques de même portée.
Laffirmation sert, non pas exclusivement, mais prioritairement, à éclairer la mort de Jésus sur la croix, à la fois comme effet de son obéissance au Père et de son obéissance aux Écritures ("Il faut": Mt 26,54: Lc 22,37; 24,44)5.
Matthieu donne limpression de rattacher des faits ponctuels à des citations particulières, excepté en 5,17 et 26,54. Lexamen approfondi mené par J.Miler fait voir les citations comme "élément essentiel de la rhétorique narrative"6. Ceci dit, ont-elles été choisies en fonction de leur appartenance à des ensembles organiques? Il semble, pour nous en tenir à un cas, que linsistance sur la discrétion du Serviteur (Is 42,1-4 en Mt 12,17-21), le fait quil guérisse les maux en les portant lui-même (Is 53,4 en Mt 8,17) et même la fonction des paraboles (Is 6,9-11 en Mt 13,14-15) suppose une interprétation densemble du livre dIsaïe7. Celle-ci naurait rien de forcé, à vrai dire. On