Maurice Gilbert, «Où en sont les études sur le Siracide?», Vol. 92 (2011) 161-181
This article takes stock of works published over the last twenty years on the book of Sirach. In it the textual, literary and theological problems dealt with these days are discussed in succession. The footnotes provide an ample bibliography on the subject. The conclusion is that research on this book is making great strides, but also that it is far from having solved all these problems.
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louange du Seigneur jusqu’à son époque, avec Simon, et jusqu’Ã
son propre témoignage invitant ses disciples à la louange. Celle-ci
avait débuté en 42,15.
Ces quelques faits conduisent à penser que Ben Sira aura
composé son livre par étapes. Quant à parler d’éditions successives
faites par Ben Sira en personne, on n’en possède aucune trace.
4. L’édition revue et augmentée
Il est certain que l’œuvre de Ben Sira a connu dans le judaïsme
et déjà dans son original hébreu une révision avec additions. On
peut la dater approximativement des années allant de 80 avant notre
ère jusque vers 80 après. Les auteurs sont inconnus, — C. Kearns a
pensé aux Esséniens 41, — mais il est clair qu’ils tenaient compte des
ouvertures théologiques plus récentes: on y reviendra.
Ici, au plan littéraire, on notera, avec S. Bussino, que les révi-
seurs connaissaient bien l’œuvre de Ben Sira et qu’ils se référaient
comme lui à l’Écriture antérieure, la Torâ, les Prophètes et les
Psaumes. Souvent ces ajouts manifestent une certaine impatience
devant les propos du maître: leur insertion rompt la logique de Ben
Sira soit pour l’anticiper (Si 1,5Gr, par exemple, anticipe Si 24),
soit pour prendre une tout autre perspective: ainsi Si 1,20c-zSyr;
11,15-16 présent dans les quatre traditions textuelles; 17,21Gr;
2 3 , 2 8 G r ; 24,18Gr : “ J e suis la mère du bel amour . . . †42 ;
24,31VL-Vg : “Qui elucidant me vitam aeternam habebuntâ€.
III. Problèmes théologiques
1. Un maître de sagesse théologien
Après le décapage en règle de Qohélet, Ben Sira renoue avec
l’antique tradition. Penseur subtil et fascinant, il propose une
Sa thèse de 1950 a finalement été éditée tout récemment: C. KEARNS,
41
The Expanded Text of Ecclesiasticus. Its Teaching on the Future Life as a
Clue to Its Origin (ed. P.C. BEENTJES) (DCLS 11; Berlin 2011), avec mon
Introduction to Kearns’ Dissertation, 9-21.
Sur ce verset, j’ai proposé une autre lecture dans mon article “Les addi-
42
tions grecques et latines à Sir 24â€, cf. supra note 21, spéc. 196-201.