Maurice Gilbert, «Où en sont les études sur le Siracide?», Vol. 92 (2011) 161-181
This article takes stock of works published over the last twenty years on the book of Sirach. In it the textual, literary and theological problems dealt with these days are discussed in succession. The footnotes provide an ample bibliography on the subject. The conclusion is that research on this book is making great strides, but also that it is far from having solved all these problems.
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OÙ SIRACIDE ?
EN SONT LES ÉTUDES SUR LE
récurrence de mots tel qu’on peut l’observer, par exemple, dans les
analyses d’A. Vanhoye sur l’épître aux Hébreux. En outre plus
d’une fois, Ben Sira oppose un aspect négatif à un aspect positif.
Toutefois, toutes les observations indiquées ci-dessus ne
permettent pas encore de comprendre comment Ben Sir a organisé
son livre. Celui-ci est simplement moins atomisé en petits
morceaux. De cette organisation recherchée, on possède déjà quel-
ques clés, mais pas toutes. Certes, peu à peu, la recherche réduit le
nombre des énigmes. Arrivera-t-on à les réduire toutes, donnant
alors une vision cohérente du livre? Mais Ben Sira a-t-il vraiment
voulu organiser son livre de façon cohérente?
3. Une composition par étapes
Il semble bien que Ben Sira a composé son livre par étapes
successives. Certes, Si 24 est au centre du livre et l’on peut discerner
une grande inclusion entre Si 1–2 et Si 51: aux extrêmes, la Sagesse
et comment l’acquérir (Si 1,1-10; 51,13-30), puis Si 2 parle d’épreuve
et 51,1-12 évoque celle que l’auteur a subie. Mais comment se fait-il
que les grandes péricopes sur la Sagesse ne se lisent que jusqu’en Si
24 (1,1-10; 4,11-19; 6,18-37; 14,20–15,10)? Si 24,30-34 achève ce
grand texte par une autoprésentation de Ben Sira comme sage et, par
la suite, on ne trouvera plus que quelques péricopes parlant précisé-
ment du sage (37,16-26; 39,1-11; 51,13-30). Le chapitre 24 marque-
t-il la fin d’une première composition?
D’autres faits méritent d’être mentionnés. Comment expliquer
que Si 24,34 se retrouve en 33,18, d’autant que, comme 24,32-34,
33,16-18 a tout l’air d’une conclusion? Ben Sira aurait apporté un
premier complément à son œuvre de 25,1 à 33,18. Ensuite l’hymne
de Si 39,12-35 s’achève, à partir de 39,32, comme une conclu-
sion. On peut comprendre pourquoi Ben Sira a placé en finale de ses
enseignements ce qui concerne le renom que l’homme laisse à sa
mort (40,1–42,14). Suit un texte sur la gloire de Dieu dans la nature
(42,15–43,33), dont le dernier verset annonce l’Éloge des Pères.
Toutefois, cet Éloge semble se conclure en 49,14-16 et pourtant
Ben Sira ajoute l’éloge du grand prêtre Simon (50,1-21). En
50,27-29 se lit un premier colophon explicite. Il n’empêche que
Ben Sira ajoute encore deux textes autobiographiques (51,1-
12.13-30). Il semble donc que, par étapes successives et sans réar-
rangement du texte, Ben Sira ait voulu poursuivre l’éloge et la