Pierre-Yves Brandt - Alessandra Lukinovich, «L’adresse à Jésus dans les évangiles synoptiques», Vol. 82 (2001) 17-50
A number of persons in the Gospels address Jesus by a title, e.g., ‘teacher’, ‘sir’, ‘master’, when they speak to him. In parallel episodes in the synoptic Gospels these titles undergo variations. This article present a complete comparative study of the titles addressed to Jesus in Mathew, Mark and Luke and finishes with a description of the titles proper to each Gospel.
Luc (18,41) l’ont remplacé l’un et l’autre par ku/rie. Luc éviterait ici peut-être à nouveau les termes incompréhensibles pour une lectorat d’expression grecque. Les deux évangélistes choisissent en tout cas une adresse qui est fréquente chez eux, évitant ainsi les problèmes d’interprétation posés par un hapax.
4. ku/rie
Alors que chez Marc,
ku/rie n’est employé qu’une seule fois (7, 28) par la Syrophénicienne, chez Matthieu on le trouve 18 fois (en 13 épisodes) et chez Luc 16 fois (en 16 épisodes).Du fait que Marc n’a qu’une occurrence de l’adresse
ku/rie et qu’elle se trouve dans un passage (La Syrophénicienne) pour lequel seul Matthieu a un parallèle, il n’y a donc aucun cas où les trois évangélistes maintiennent unanimement l’emploi de ku/rie. Comme le montre le tableau IV, il y a cependant deux cas de la tradition triple où Matthieu et Luc utilisent ku/rie au même endroit. Dans la Purification d’un lépreux, Matthieu et Luc mettent dans la bouche du lépreux l’adresse ku/rie alors que Marc a un discours indirect. Dans la Guérison des aveugles (Bartimée), la succession des adresses qui aboutit chez Marc à r(abbouni/ est interprétée par Mt et Lc comme aboutissant à ku/rie. Toujours dans la tradition triple, Matthieu met sytématiquement ku/rie dans la bouche des disciples, pris collectivement ou singulièrement, là où Marc a, suivant les cas, dida/skale (collectif dans La tempête apaisée), une tournure au discours indirect (Pierre dans la Première annonce de la Passion), r(abbi/ (Pierre dans La Transfiguration) ou l’absence d’adresse (collectif dans l’Annonce de la trahison de Judas). La seule exception est Judas qui, comme nous l’avons vu, n’utilise chez Matthieu que l’adresse r(abbi/ (26,25.49). Ce qui permet de se demander si Matthieu le considère encore comme un disciple. A l’inverse, l’usage par Matthieu de ku/rie à la place de dida/skale dans l’exorcisme de l’enfant démoniaque pourrait faire entendre que Matthieu assimile le père de l’enfant à un disciple. Luc, en maintenant dida/skale, tiendrait à opérer une distinction entre le père et les disciples. Autrement dit, l’incrédulité reprochée par Jésus en réponse à la demande du père s’adresserait aux disciples, mais pas au père chez Matthieu (17,17)27, tandis qu’elle inclurait le père, ou même