Robert Hermans, «La christologie d’Ephésiens.», Vol. 92 (2011) 411-426
This essay proposes to read Eph 1,23, as follows: the plh/rwma is Christ, the fullness of all God’s graces. And the participle plhroume/nou is a neuter passive, whose content is the actual blessing brought by God to its fullness in all the believers. Eph 1,23 can then be translated like this: «Christ is the fullness of what is fully accomplished in all the faithful».
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sa plénitude)â€. Cela veut dire: que le plh,rwma est apposé au Christ et
non au corps; et que le participe est interprété comme un neutre passif.
Il reste à donner la signification exacte de cette traduction et à la justifier.
Deux questions surgissent à ce sujet: Quelle est la fonction grammaticale
du mot plh,rwma et quel en est le sens? Comment expliquer la nouvelle
interprétation du participe et quel en est le sens?
2. La fonction grammaticale de plh,rwma
La plupart des commentaires lisent le mot plh,rwma comme apposé au
“corps du Christâ€. Cette interprétation va par contre à l’encontre des idées
principales développées dans cette lettre.
Une objection de poids pour appeler le corps du Christ plh,rwma “vient
de ce que le Christ a réconcilié ce corps avec Dieu†(2,16) et que tous les
hommes appartenant au corps restent l’objet de l’agir salvifique de Dieu
(e.a. dans 2,5-6, encore plus dans 2,21-22). Cette remarque apparaît encore
plus clairement dans 4,16: “Du Christ, la tête, le corps reçoit … sa crois-
sance†(où chacun qui appartient au corps, apporte sa contribution pour le
construire). Il est donc difficile de considérer le corps comme la plénitude
du Christ. Quatre versets plus haut, dans 4,11-12, Paul avait déjà précisé
que le Christ avait désigné les différentes fonctions nécessaires pour
construire son corps. Chaque fois nous sommes loin de la représentation
d’une forme parfaite ou d’une “plénitude†de ce corps 9. Toutes les citations
mentionnées indiquent aussi bien l’importance de la personne du Christ,
que la construction permanente de l’Eglise. En d’autres termes: toute la
lettre aux Ephésiens traite de la valeur du Christ comme don de Dieu Ã
l’Eglise, et pas de la valeur de l’Eglise pour sa propre existence. Cette
considération semble décisive pour l’affirmation que le plh,rwma ne renvoie
pas à l’Eglise, mais bien au Christ.
Pour confirmer encore que le plh,rwma ne renvoie pas au corps du
Christ, on peut ajouter les considérations suivantes.
Si plh,rwma est quand même en apposition à sw/ma (du Christ), on donne
une définition importante de l’Eglise. Mais rien n’est dit à ce sujet, ni dans
les versets qui précèdent, ni dans ceux qui le suivent (2,1-10), et décrivent
en détail le résultat que l’agir salvifique a obtenu en nous, à partir du Christ,
en union avec lui. Il s’agit donc ici du contenu concret de l’agir salvifique
en nous et non d’une considération abstraite au sujet du corps du Christ
qu’est l’Eglise.
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Il faut aussi signaler que, à la différence de 1, 22-23, où le Père dirige
tout l’agir salvifique, ici c’est le Christ qui dirige. Ces textes pouvaient aussi
confirmer l’interprétation d’I. de la Potterie (“Le Christ plérôme de l’Égliseâ€)
de prendre le corps du Christ comme sujet du participe passif plhroume,nou.