David Pastorelli, «La Formule Johannique τα̃υτα λαλ́αληκα ὐμ̃ιν (Jn 14,25; 15,11; 16,1.4.6.25.33). Un Exemple de Parfait Transitif.», Vol. 19 (2006) 73-88
Contrary to the traditional definition, supporters of the theory of the
verbal aspect claim that the transitive perfect, like the intransitive perfect,
puts the stress on the state of the subject. From this perspective the present
article deals with the Johannine formula τα̃υτα λαλ́αληκα ὐμ̃ιν in order to
affirm that the emphasis of the expression is on the state of the subject of
λαλ́αληκα and not on that of the object τα̃υτα: the formula specifies above
all the condition of Jesus revealing of the divine.
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principalement préoccupé par la distinction entre le parfait et l’aoriste,
et il conclut à un parfait “théologique†qui traduit la réalité éternelle de
l’œuvre de Jésus. Il nous paraît opportun de dresser tout d’abord un bilan
sur la question du parfait dans la mesure où elle ne fait pas l’objet d’un
consensus parmi les grammairiens. Ensuite nous dégagerons une piste de
recherche pour l’emploi du parfait dans le quatrième évangile.
1.1. État de la question
Dans sa thèse consacrée à l’Histoire du parfait grec, Pierre Chantraine2
se livre à une reconstruction historique fondée sur la distinction de deux
catégories grammaticales: d’une part le parfait intransitif, d’autre part le
parfait transitif ou résultatif. Chantraine met en évidence au total trois
types de parfaits qui se superposent les uns aux autres dans l’évolution de
la langue: le parfait intransitif à flexions actives, le parfait intransitif de
flexion moyenne et le parfait résultatif. Examinons brièvement ces trois
types de parfait.
a. Le parfait à désinences actives et de sens intransitif3.— Chantraine
émet l’hypothèse qu’au niveau le plus ancien que l’on puisse reconstituer,
existait une flexion active du parfait intransitif. Il s’agit là du parfait
indo-européen dont l’usage archaïque est encore attesté en grec. Ce
parfait possède deux caractéristiques essentielles: il exprime l’état du
sujet et se rapporte au présent. Ce type de parfait, que l’on a par exemple
avec γέγονα ou ἔστηκα, devient de plus en plus rare et tend à disparaître
dans la langue attique du quatrième ou du troisième siècle.
b. Le parfait à désinences moyennes et à sens d’état4.— Dans la mesure
où le parfait de type indo-européen était intransitif, les désinences
moyennes se sont rapidement introduites. Ce second type de parfait
s’est fortement développé au cours du cinquième siècle. Le parfait moyen
exprime toujours l’état du sujet et tend à remplacer peu à peu le premier
type, sans toutefois l’éliminer complètement: γίγνομαι a encore comme
parfait γέγονα, même si γεγένημαι est de plus en plus répandu.
c. Le parfait résultatif5.— Avec la création du parfait résultatif, le
parfait atteint aux quatrième et troisième siècles son apogée. La plupart
des verbes ont à la fois un parfait résultatif et un parfait intransitif. Ce
troisième type exprime, selon la définition traditionnelle, un état présent
résultant d’une action passée. Ainsi λέλυκα signifie “j’ai délié et ce que
P. Chantraine, Histoire du parfait grec. Thèse présentée à la Faculté des lettres de
2
l’Université de Paris (Paris 1926).
P. Chantraine, Histoire, 71-86.
3
P. Chantraine, Histoire, 87-88.
4
P. Chantraine, Histoire, 119-45.
5